Les jésuites et les récits des missions
aux XVIIe et XVIIIe siècles
Les missions ont été lancées par Ignace de Loyola, le fondateur de la Compagnie de Jésus (1540). Elles ont pour but lévangélisation des peuples infidèles. LAsie et lAmérique du Sud constituent les deux régions les plus significatives pour déterminer les traits caractéristiques de ces missions. Les missions en Asie débutent en Chine avec Matteo Ricci en 1583, en Inde avec Robert de Nobili en 1606, en Amérique du Sud autour de 1610 pour le Paraguay avec les Pères de Cataldino et Maceta.
Linculturation est ladaptation du message et de lannonce de lévangile à une culture donnée, souvent non chrétienne. Le principe dinculturation naît avec la Querelle des Rites en Chine (1645), où les rites sapparentant à de la superstition sont bannis (Confucianisme, culte des ancêtres). Il est employé dès quil sagit dévangéliser un peuple. Cest le Père Pedro Arrupe, Préposé général des jésuites de 1965 à 1983, qui, en 1978, emploie le mot « inculturation» pour définir une tendance à sadapter à un monde nouveau, en loccurrence celui des nouvelles technologies du XXe siècle. Cette méthode est employée lors de toutes les missions jésuites. Lexemple le plus répandu est celui de la traduction de la Bible en langue vernaculaire. En Chine, lintégration de termes chinois dans la liturgie, ou bien en Inde, le fait que Nobili vive comme les Hindous, ou encore lassimilation du culte de la Vierge à une croyance guaranie concernant la déesse-mère sont des actes dinculturation.
Les relations depuis les missions ont été initiées par Ignace de Loyola pour une bonne administration des missions. Ces lettres ont été copiées, puis diffusées parmi les amis, prélats, bienfaiteurs, puis auprès des savants, et enfin du public, et ce avec grand succès.
Les Lettres édifiantes et curieuses, écrites des Missions étrangères, par quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus ont été publiées sous la forme de trente-quatre volumes, publiés de 1703 à 1776. Des morceaux de ces Lettres ont été compilés en divers ouvrages. Si lon sintéresse au contenu, on peut noter la volonté systématique de retranscrire ce quil y a de plus remarquable dans la correspondance jésuite. Mais la véracité de ce qui est retranscrit est à remettre en cause. Certes, les faits sont réels, mais les raconter, parfois plusieurs décennies après, ne fausse-t-il pas le jugement ? Du point de vue de linculturation, quen est-il de lobjectivité vis-à-vis de lanalyse des rites et coutumes des « sauvages» ? Bien des données sont faussées, mais ces récits constituent en quelques sortes la première vision « anthropologique» de ces peuples alors méconnus.
Alice Pauquet et Pauline Cantin
Bibliographie
Source
- MURATORI Louis-Antoine. Relation des missions du Paraguai. Paris : Borderet, 1754, xxiv, 402 p.
Etudes
- LACOUTURE Jean. Jésuites : une multibiographie. 1. Les conquérants 2. Les revenants.Paris : Seuil, 1991, 2 t.
- LEBRUN François, ANTEBI élizabeth. Les Jésuites ou la gloire de Dieu. Paris : Stock Antébi, 1990, 239 p.
- LECRIVAIN Philippe. «Pour une plus grande gloire de Dieu»: Les missions Jésuites. Paris : Gallimard, 1991, 176 p. (Découvertes Gallimard : invention du monde, 110).